Baromètre des entreprises du paysage Malgré la croissance en 2023, des préoccupations en 2024
Le nouveau baromètre Unep-Valhor-Agrica, publié voilà quelques semaines, présente un résultat supérieur aux attentes avec une croissance de 4 % du chiffre d’affaires des entreprises du paysage en 2023. Certains signes de ralentissement inquiètent toutefois pour 2024…
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Constater que l’activité des entreprises, au sens large, est impactée par les hausses du coût de l’énergie et des matières premières ou bien encore par la baisse du pouvoir d’achat, est devenu un véritable lieu commun depuis des mois. Malgré ce contexte, la filière du paysage sort son épingle du jeu et c’est heureux, depuis les années post-Covid. Rappelons à ce titre que les derniers « Chiffres clés des entreprises paysage » (1) édités par l’Union nationale des entreprises du paysage (Unep) en 2023 recensent près de 32 500 entreprises dans le secteur, pour un chiffre d’affaires global s’approchant des 8 milliards d’euros (chiffres établis pour l’année 2022), avec une progression de plus de 20 % entre 2020 et 2022 !
Le récent baromètre économique concernant le deuxième semestre de l’année 2023, établit par l’Unep, en partenariat avec l’Interprofession Valhor et le groupe Agrica(2), confirme que cette croissance se poursuit malgré quelques bémols. Face aux difficultés conjoncturelles qui durent, les entreprises anticipent en effet un ralentissement de la progression de leur activité en cette année 2024.
Un secteur en bonne santé
En 2023, les entreprises ont un généré un chiffre d’affaires en hausse de 3,5 % au premier semestre puis de 5 % au deuxième avec une période estivale particulièrement dynamique (+ 5,5 %). Rappelons ici que ces hausses sont établies par rapport au chiffre d’affaires constaté à la même période de l’année précédente (2022). La croissance globale mesurée sur l’année est de 4 %. Dans le détail, l’activité d’entretien des jardins et des espaces verts est la plus dynamique avec une hausse de 6,5 % sur le dernier semestre, tandis que l’activité de création s’est accrue de 4 %. Concernant les différents marchés du secteur, celui des professionnels privés (entreprises, immobiliers, syndics, HLM…) détient la palme avec une progression de 6 % sur le deuxième semestre 2023. En seconde position, l’activité auprès des particuliers a crû de 5 % et se redynamise après deux précédents semestres moins florissants.
Les marchés publics enfin, sont plus contrastés. Ils connaissent une hausse certes de 3,5 % mais cette augmentation est nettement moins forte que les deux précédents semestres qui avaient progressé respectivement de 6 % et de 5 %. L’Unep note ici que les financements de l’État tels que le fond vert, n’ont pas apporté le coup d’accélérateur attendu. Rappelons que ce dispositif a été mis en place pour favoriser la transition écologique dans les territoires via le financement de projets présentés par les collectivités territoriales et leurs partenaires publics ou privés. En cause, selon les entreprises du paysage, le manque d’identification de leurs compétences auprès des maîtres d’ouvrage pour intervenir sur des projets de végétalisation du bâti ou des cours d’école, ou bien encore de désimperméabilisation des surfaces.
Une crise de la construction impactante
Quoi qu’il en soit, « ces chiffres sont meilleurs que ce que nous anticipions, et sont le reflet d’une année 2023 très dynamique pour les entreprises du paysage, tous marchés confondus », constate Nicolas Leroy, président de la commission économique de l’Unep. L’organisation professionnelle anticipait sans doute les effets conjoncturels actuels (énergie, matières premières…), sachant que la croissance montrait des premiers signes de ralentissement depuis 2 ans. S’il n’y a donc pas eu d’effets trop négatifs en 2023, quid de 2024 ? Un certain nombre de chefs d’entreprise craignent un ralentissement. Selon le baromètre, la croissance prévisionnelle de ce premier semestre 2024 serait en effet ramenée à 2,5 % (versus le premier semestre de l’année 2023).
Sur le marché des particuliers, une question se pose tout d’abord sur le maintien du pouvoir d’achat des clients, impactés eux aussi par les nombreuses crises du moment (inflation, crise énergétique…). Les marchés publics peuvent pâtir également, malgré une réelle volonté de végétaliser les villes, des coûts de l’énergie, d’arbitrages et de financements complexes à mener entre de nombreux projets ou bien d’une difficulté à bien identifier les compétences des entreprises du paysage comme nous l’avons mentionné précédemment.
Mais ce sont les marchés privés qui interrogent le plus, compte tenu de la crise historique du secteur de la promotion immobilière avec un très fort recul voir un quasi-arrêt des permis de construire et des ventes de logements neufs en 2023. Les entreprises du paysage intervenant dans ce secteur voient donc les carnets de commandes se réduire drastiquement.
De nouvelles préoccupations
Dans ce contexte, les entrepreneurs signalent, parmi leurs problématiques, les difficultés de recrutement (29 % d’entre eux) ou bien la hausse du prix des matières premières (14 %). Ils commencent également à pointer parmi leurs préoccupations grandissantes l’augmentation des charges (9 %), le maintien de la trésorerie (6 %) ou bien encore les défauts ou les allongements des délais de paiement (4 %).
Il tient tout de même, pour finir, de noter des éléments positifs : sur l’activité globale du secteur, le baromètre pointe des carnets de commandes bien remplis sur le premier semestre 2024 (134 jours), avec un niveau similaire à celui du deuxième semestre 2023 (136 jours). Enfin, malgré les difficultés d’embauche, les entreprises sont majoritaires à vouloir recruter dans les prochains mois (69 %). Elles prévoient par ailleurs aux deux tiers de continuer à investir dans du matériel de production et de transport.
(1) « Chiffres clés 2022 des entreprises du paysage », édités le 3 octobre et consultables à l’adresse suivante : www.lesentreprisesdupaysage.fr/base-documentaire
(2) Enquête réalisée par Xerfi Spécific pour Valhor du 2 janvier au 23 janvier 2024 auprès de 350 paysagistes à raison de : 100 entreprises de 5 salariés et moins, 150 entreprises de 6 à 19 salariés, 100 entreprises de plus de 20 salariés.
Plus de détails sur le site de l'Unep.
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